Côte d’Ivoire : Éducation sexuelle des ados, faut qu’on en parle

Parler de sexualité avec ses enfants, ou encore en public, passe mal dans notre société. En effet, la majorité des gens se sent mal à l’aise quand il s’agit d’en parler. Pour certains, c’est dû à une éducation de base (religieux ou coutumier) pour qui le sujet est tabou. Le fait est qu’à l’adolescence le corps se métamorphose et il y a une multitude de questions que les adolescents se posent ; notamment sur la sexualité, sans toutefois trouver des réponses adéquates qui pourraient les aider à faire des choix judicieux. 




La famille, base de l’éducation sexuelle


La famille est un agent de socialisation qui transmet à ses membres des valeurs, des façons de voir les choses, de les aborder. L’ensemble de ces éléments participe à la socialisation. Ainsi, pourrait-on dire, chaque individu est marqué par ce formatage, qu’il est susceptible de transmettre à son tour. Or, dans ce cadre familial, le constat est que l’éducation sexuelle est quasi absente, dans la plupart des familles en tout cas. Les rapports sexuels, les menstrues, les méthodes de contraception, l’anatomie, sont, pour ainsi dire, des sujets qui font honte et dont il faut éviter d’en parler. 


Et pourtant, avec la mutation de nos sociétés, les réalités d’il y a 20 ans ne sont plus les mêmes aujourd’hui. Les adolescents sont, aujourd’hui, exposés à la sexualité, ne serait-ce que par les séries disponibles en streaming comme Netflix, internet surtout les réseaux sociaux. Déjà dans un article produit sur ce blog en 2014, et qui portait sur la sexualité précoce chez les adolescents de la commune de Cocody, les éléments qui poussaient les adolescents à être sexuellement actif étaient : l’influence d’internet, le manque d’information sur le sujet et enfin un affaiblissement de l’autorité parentale sur les enfants.


Le manque d’écoute et d’information au sein de la cellule familiale pousse les adolescents à explorer d’autres pistes afin de combler leur ignorance en matière de sexualité. Ils ou elles se tournent vers des connaissances, improvisent dans certains cas, ou s’inspirent des messages véhiculés sur internet. Or, à l’heure de la désinformation, nombreux sont ceux qui sont bombardés de fausses informations sur le sujet ; et cela, sans compter sur les risques que cela comporte.


Dans une étude réalisée en 2015, portant sur les « Images pornographiques et comportements sexuels des élèves dans l’arrondissement de Cocody à Abidjan » 398 élèves (224 garçons et 174 filles) ont participé à l’enquête. Parmi eux, 14,3 % avaient accès à des images pornographiques soit sur internet soit à la télévision. Sur les 398 élèves enquêtés, 52,8 % (210) étaient sexuellement actifs au moment de l’enquête, parmi lesquels 41,9 % (88/210) avaient au moins deux partenaires sexuels. Des comportements qui engendrent, bien évidemment, des grossesses non désirées, des avortements clandestins et la propagation des IST et du VIH, le phénomène des tontines sexuelles au sein des établissements scolaires…


Parents, blogueurs, ONG, hommes et femmes de médias doivent se mobiliser


Comme mentionné précédemment, les adolescents sont bombardés d’informations et d’images sur la sexualité qui ne reflètent pas forcément la réalité. Il est plus que nécessaire que les parents entament un dialogue avec leurs enfants sur la question afin de les protéger contre les mauvaises influences et mauvaises pratiques. Plus facile à dire qu’à faire, me dira-t-on, mais la réalité est bien et belle là ; les chiffres sont alarmants et le constat est réel. L’école n’est pas censée jouer le rôle des parents, et les pairs sont souvent eux-mêmes des courroies de fausses pratiques et informations qu’eux-mêmes ont reçues ; peut-être que pour parents d’un certain âge (les nouveaux parents) il sera temps de se saisir de la question et d’intégrer l’éducation sexuelle complète dans leur habitude. 


Pour ceux qui ne  savent pas s’y prendre, car ce n’est pas facile d’aborder et de répondre aux questions sur le sujet ; un guide a été élaboré afin de pallier à cela.  « Comment parler de sexualité aux adolescents et jeunes ? », ce guide pratique mis à la disposition des parents s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet. En plus des parents, les Ong, blogueurs, hommes et femmes de médias doivent s’intéresser davantage à l’éducation sexuelle complète afin de porter la bonne information aux adolescents. 



Un atelier organisé par l’UNESCO, les 25 et 26 février 2022 à l’endroit des blogueurs, responsables d’ONG, d’homme et de femme de média avait pour but, justement, primo, de former les blogueurs et journalistes sur la production et la diffusion de contenus médiatiques relatifs à l’adoption de comportements sexuels et secundo ; de ressortir un plan d’action à court terme afin de doter les enfants et les jeunes des connaissances, compétences et valeurs leur permettant de faire des choix responsables concernant leurs relations sociales et sexuelles dans un monde affecté par le VIH.


Au cours de cet atelier, les constats faits plus haut ont été révélés et des actions de communications envers les parents et adolescents proposées. La particularité de cette rencontre a été la présentions d’une application (Hello ADO)  dédiée aux jeunes et qui leur permet d’avoir des informations vraies sur la sexualité et surtout elle leur permet d’échanger avec des professionnels qui leur prodigue des conseils utiles afin qu’ils puissent faire des choix judicieux. J’y reviendrai dans un prochain article. 



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